Culture et patrimoine
BALE
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Les habitants de l’Îlot 27 l’ont adoptée ces derniers mois au fil des initiations et des démonstrations chorégraphiques qu’elle a données sur la dalle, dans le cadre de la création d’un musée de street art à ciel ouvert inauguré le 19 juin. Danseuse, circassienne, photographe… Si Bale – prononcez Balé – jongle avec les arts, c’est pour ne pas rester cloisonnée dans une discipline.
Portrait de Guillaume Gesret, publié dans Canal n°298, juillet-août 2021.
Pour retracer son parcours, il faut regarder attentivement le tatouage qu’elle s’est fait elle-même sur le bras gauche. Les lignes géométriques et les symboles énigmatiques s’y déchiffrent comme une carte aux trésors. « Ce tatouage raconte que je suis née il y a 29 ans dans une petite ville du nord de l’Italie et me rappelle certaines choses que je ne dois pas oublier. »
Bale, Valentina de son vrai prénom, est arrivée en France il y a trois ans « pour rêver en grand », comme elle résume dans un large sourire qui lui plisse les yeux à la manière d’un personnage de manga. Danseuse, elle a découvert le hip-hop lors de ses études de design à Bologne. Cette culture la parachute aujourd’hui en région parisienne qui, pour beaucoup, reste le centre névralgique européen des pratiques urbaines.
Dès son arrivée, elle s’intègre au petit milieu des danseurs qui s’entraînent au 104 et sur l’esplanade de la bibliothèque François-Mitterrand. « Je ne parlais pas très bien le français au début, alors je dansais pour échanger. » Rapidement, la jeune femme tape dans l’œil des meilleurs performers, à l’image de Yaman qui la prend sous son aile. Dans le même temps, elle s’inscrit aux cours du Cirque électrique installé porte des Lilas. « J’aime décloisonner les pratiques : je danse, je fais du cirque mais également de la photographie et de la peinture », précise-t-elle.
À l’Îlot 27, au cœur d’un projet artistique
Ces dernières semaines, Bale a pu montrer l’étendue de ses talents à l’Îlot 27. Elle, qui a emménagé en colocation à Pantin en septembre, s’est impliquée dans le projet de création, sur la dalle, d’un musée de street art à ciel ouvert. « J’ai fait la connaissance des responsables de la maison du projet qui m’ont invitée à danser avec les habitants et à exposer mes œuvres. Cette expérience participative, ancrée dans un quartier populaire, m’a fait énormément de bien après ces mois de confinement. La Covid nous a éloignés les uns des autres. L’épreuve de la pandémie a été dure, non seulement financièrement, comme pour beaucoup d’artistes, mais aussi humainement. »
Le corps dans toutes ses dimensions
Cette crise l’a toutefois incitée à préciser son projet artistique. Cet été, elle prévoit de faire des allers-retours en Italie pour travailler un duo avec sa compatriote Sara Di Gravio, spécialiste comme elle du tutting, une discipline fondée sur des mouvements saccadés des bras. « Je prépare aussi un solo que j’aimerais présenter dans les théâtres. »
En attendant, pour manger et payer son loyer, Bale a signé un contrat avec une agence de mannequins, intéressée par son look alternatif très travaillé. « Je change en permanence de couleur de cheveux et je compte sur ma sœur, qui est coiffeuse, pour réaliser ma création du moment. » Pour sculpter son corps, le jeune femme consacre quatre heures par jour à la musculation et au stretching qu’elle pratique le long du canal, sur les agrès de street workout installés par la ville il y a trois ans.
- Pour suivre Bale rendez-vous sur son compte Instagram : bale.cactus
- En octobre, elle exposera ses photographies à la maison du projet de l’Îlot 27 (27, rue Auger).