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Culture et patrimoine

Firmine RICHARD

« Les personnages des femmes noires sont souvent stéréotypés en France. On est en retard par rapport aux États-Unis. »

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Romuald et Juliette, Huit Femmes, La Première étoile… Depuis qu’elle a embrassé une carrière dans le cinéma à l’âge de 40 ans, Firmine Richard est une comédienne que le public et les réalisateurs affectionnent. Discrète dans sa vie quotidienne, l’actrice enchaîne les projets pour Netflix, la télé et se prépare à sortir un livre autobiographique. 
Portrait de Guillaume Gesret et Anne-Laure Lemancel, publié dans Canal n°285, janvier - février 2020.

À 72 ans, Firmine Richard n’a pas l’intention de prendre sa retraite. Elle s’apprête en effet à tourner la deuxième saison de la série Mortel diffusée sur Netflix et à publier un livre, aux éditions Michel Lafon, dans lequel elle se raconte. Les téléspectateurs de TF1 la verront également ce mois-ci dans l’émission Stars à nu qui sensibilise le grand public à la lutte contre le cancer. « Je reste active parce que j’ai la chance d’exercer un métier qui n’est pas pénible, mais les gens ont raison de protester pour réclamer une retraite décente et pas trop tardive. Je sais de quoi je parle : j’ai travaillé à la RATP et j’ai vu ma mère trimer aux PTT, faisant des allers-retours dans le RER. »

Une vie qui bascule
Firmine Richard n’a pas oublié d’où elle vient et confie qu’elle fuit les mondanités. Avec un petit sourire plein de tendresse et les yeux levés au ciel pour « remercier le Seigneur », elle évoque le coup de pouce du destin qui a fait basculer sa vie. En 1988, elle est repérée dans un restaurant par la directrice de casting du film de Coline Serreau, Romuald et Juliette. Le coup de cœur de la réalisatrice et de Daniel Auteuil précède celui du public qui réserve un accueil formidable au long-métrage. Alors âgée de 40 ans, cette femme de nature optimiste démissionne du poste qu’elle occupe au conseil régional de Guadeloupe, quitte son île et le père de son fils par la même occasion. Pour exercer le métier de comédienne, elle s’installe à Paris, puis suit une formation de six mois aux États-Unis. À cette époque, elle découvre la belle vie, les nuits au Carlton lors du festival de Cannes, le tournage avec le réalisateur Dino Risi… Quelques années plus tard, elle fait la rencontre de François Ozon pour le film Huit Femmes. Elle connaît un nouveau succès avec la comédie La Première Etoile de Lucien Jean-Baptiste.
Firmine Richard s’estime chanceuse de vivre du cinéma, d’avoir joué aux côtés de Catherine Deneuve, d’être reconnue dans le métro par des gens toujours bienveillants. « Je n’ai pris la place de personne, on a toujours pensé à moi pour des rôles. Certes, il y a eu des creux dans ma carrière. Heureusement que le système de l’intermittence du spectacle existe ! D’ailleurs, j’ai souvent défilé dans la rue pour le défendre. »

Femme engagée
Car, « sans être grande gueule », la comédienne n’hésite pas à s’engager pour défendre les causes qui lui sont chères : celle des femmes, des noirs, des citoyens d’Outre-mer. Dernièrement, elle a publié un texte dans un ouvrage collectif intitulé Noire n’est pas mon métier (éditions du Seuil). « Les personnages des femmes noires sont souvent stéréotypés en France. On est en retard par rapport aux États-Unis. Ici, on ne m’a jamais proposé de jouer une avocate, un médecin ou bien une femme politique. »
À présent, elle vit au Petit-Pantin dans une maison qu’elle a achetée en 2012 pour héberger sa mère malade. « Nous avons vécu trois ans ensemble avant qu’elle ne décède. Cette maison est agréable, il faudrait quand même que je l’isole car c’est un four l’été et un frigo l’hiver. » Ce dimanche de décembre, elle se lovera dans une couverture et s’installera sur son canapé pour regarder le film La Première Étoile qui passe à la télé. « Ce film me fait du bien. Il me redonne le sourire quand j’ai des pensées tristes. »