Culture et patrimoine
Antonin PERETJATKO
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Amoureux du septième art sur grand écran, Antonin Peretjatko attend avec impatience la réouverture des salles obscures et la sortie de son troisième long métrage, La Pièce rapportée, maintes fois repoussée du fait de la crise sanitaire. Rencontre.
Portrait de Guillaume Gesret, publié dans Canal n°294, mars 2021.
Antonin Peretjatko n’est pas le plus connu des réalisateurs français. Pourtant, ses deux premières comédies, La Fille du 14 juillet et La Loi de la jungle, ont enchanté le public et une bonne partie de la critique en 2012 et 2015. Mais certains jugent parfois ces œuvres « en dehors des sentiers battus ». C’est que ce réalisateur de 46 ans, qui vit à Pantin « depuis que les loyers sont devenus trop chers à Paris », réussit à imprimer dans l’univers du septième art hexagonal une touche comique très singulière, où le burlesque et la satire politique font bon ménage. « Pour moi, l’humour est une bouée de sauvetage pour ne pas se noyer dans la médiocrité de notre société », résume-t-il.
Le succès de ses longs métrages tient aussi aux comédiens charismatiques qu’il met en scène, à l’image de Vimala Pons, Vincent Macaigne, Pascal Légitimus ou encore Mathieu Amalric. Dans son troisième film, tourné en partie au sein de la halle Pouchard, Antonin Peretjatko a dirigé Philippe Katerine. Campant un vieux célibataire qui vit chez sa mère dans un appartement très bourgeois du XVIe arrondissement, cet anti-héros tombe amoureux d’une guichetière du métro interprétée par Anaïs Demoustier. Bien évidemment, l’horrible belle-mère, jouée par Josiane Balasko, n’accepte pas cette « pièce rapportée » jugée « pas assez comme il faut ». « C’est un vaudeville servi par des comédiens talentueux, avec des seconds rôles confiés à William Lebghil et Philippe Duquesne, un ancien de la troupe des Deschiens. »
Pantin en haut de l’affiche
Cela fait plusieurs mois maintenant que la sortie de La Pièce rapportée est repoussée en raison de la crise sanitaire. En attendant, Antonin Peretjatko flâne à vélo dans les rues de la ville à la recherche d’un prochain lieu de tournage. « J’ai récemment découvert le cimetière de Pantin de la rue des Pommiers. J’ai bien aimé… » Le matin, il accompagne ses deux filles à l’école « publique », tient-il à préciser. Puis, il se rend chez les commerçants des Quatre-Chemins, son quartier. « Depuis que nous sommes arrivés à Pantin il y a six ans, on mange beaucoup mieux ! Quand nous vivions à Paris, on n’allait pas chez le boucher ou le primeur… les prix n’étaient pas aussi abordables. »
Lui qui a grandi à Grenoble confie pourtant qu’il ne jurait que par Paris quand, dans les années 90, il « monte à la capitale » pour préparer un Deug de Physique-Chimie. Un diplôme qui lui ouvre les portes de l’école Louis-Lumière. Là, il apprend les techniques du cinéma et devient assistant caméra. « J’ai commencé au bas de l’échelle. Je n’avais pas de piston. Personne autour de moi ne travaillait dans ce milieu. J’ai donc mis le pied dans la porte pour y entrer. »
Le grand écran sinon rien
Au début des années 2000, quand les équipes de tournage passent aux caméras numériques, « faire le point de la focale » l’intéresse moins. Antonin Peretjatko se tourne alors vers la réalisation de courts métrages. Très vite, il écrit des comédies. En 2012, il réussit à rassembler 400 000 euros pour réaliser La Fille du 14 juillet qui se moque du discours sarkoziste. Le film est sélectionné pour concourir à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes et attire 50 000 spectateurs. Son deuxième long métrage bénéficie ainsi d’un plus gros budget lui permettant de tourner en Guyane. À la clé… 110 000 entrées ! « C’est moins que les chiffres des plateformes comme Netflix mais, pour moi, rien ne vaut la salle de cinéma, le plaisir de se retrouver et de rire avec des inconnus. Voir un film sur un petit écran m’est impossible. »