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Seniors

Virginie DESMOULINS

« Mon poste de médiatrice culturelle me permet d’être une artiste qui prend soin des autres. »

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Dans ses ateliers thérapeutiques, Virginie Desmoulins, médiatrice artistique, donne vie aux désirs des pensionnaires de La Seigneurie et fait souffler un vent frais au sein de l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) pantinois. Un puissant remède à la mélancolie en ces temps de pandémie et de confinement qui isolent et menacent les résidents. Rencontre.
Portrait de Hana Levy, publié dans Canal n°292, décembre 2020.

Tout commence trois semaines avant le premier confinement, lorsque Virginie Desmoulins, plasticienne de son état, est embauchée à La Seigneurie pour un an, après y avoir réalisé un long stage. Alors que l’épidémie force les résidents à rester cloîtrés dans leurs chambres, la directrice lui demande de les accompagner. « Je leur proposais des activités simples – parler, écouter de la musique – et leur permettais surtout de garder le lien avec leurs familles. Cette situation dramatique m’a obligée à inventer mon métier. Elle m’a également permis de faire émerger des envies chez les résidents que je m’attache, depuis, à satisfaire », explique cette Pantinoise de longue date.

Trouver un sens à sa carrière
Depuis, devant l’enthousiasme suscité par ses ateliers, Virginie Desmoulins, diplôme de médiatrice artistique fraîchement en poche, a vu son contrat prolongé jusqu’en 2024. L’aboutissement d’une carrière protéiforme où elle s’est exprimée dans divers domaines. Après avoir fait les Beaux-Arts de Paris, la plasticienne devient illustratrice jeunesse pendant 15 ans, période durant laquelle elle publie une quarantaine d’ouvrages. Elle crée ensuite une marque de vêtements et d’objets textiles pour enfants, avant d’occuper un emploi de cheffe de cuisine pour une entreprise pantinoise. Aujourd’hui, son poste de médiatrice culturelle à La Seigneurie donne enfin du sens à son parcours professionnel. « Il me permet d’être une artiste qui prend soin des autres… », résume-t-elle.

Redonner le goût de vivre
Dans la cuisine thérapeutique, un lieu paisible avec vue sur le jardin, Virginie propose quatre ateliers d’une heure par semaine. Là, règnent bienveillance, respect de soi et des autres et confidentialité absolue. Co-animée avec la psychomotricienne Noémie Pouyat, l’activité modelage permet à cinq résidents, dont deux non voyants, d’explorer des matières malléables. L’atelier d’arts plastiques est, quant à lui, une invitation à s’essayer au dessin et à la peinture, tandis qu’un groupe lecture rassemble tous les amoureux des belles lettres qui viennent écouter des extraits d’œuvres « que je choisis toujours évocatrices et sensorielles ». Enfin, la confection de plats cuisinés « fait émerger des souvenirs et est l’occasion de retrouver des gestes simples, comme éplucher des légumes ou faire la vaisselle ».
En préparation, deux nouveaux ateliers : un de bricolage et jardinage et une causerie autour d’une tasse de thé. De quoi aider les résidents à reprendre confiance en eux et créer des liens. « Pour moi, il s’agit tout simplement de leur redonner le goût de vivre et de lutter contre leur isolement. Mais mes propositions sont thérapeutiques, c’est-à-dire qu’elles interviennent dans un cadre strict et avec des consignes précises. »
Quotidiennement, Virginie Desmoulins voit son travail gratifié par de petits miracles ordinaires. Comme cette centenaire dont la main bougeait à peine et pour qui manier un pinceau semblait impensable. En l’accompagnant, séance après séance, elle est parvenue à peindre… Une belle victoire.