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Écologie

Jean-François JULLIARD

« La ville de Pantin se transforme tout en conservant son âme populaire. J’aime cette dynamique… Et puis, les bords du canal, le théâtre du Fil de l’eau, la Halle Papin, le stade de foot où joue mon fils sont des endroits agréables. »

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Jean-François Julliard est, depuis 10 ans, à la tête de la branche française de Greenpeace, une organisation non gouvernementale (ONG) de défense de l’environnement fondée en 1971 et présente dans 55 pays. Rencontre avec un militant dans l’âme qui ne renonce jamais.
Portrait de Guillaume Gesret, publié dans Canal n°299, septembre 2021.

Comme beaucoup de Parisiens en quête de mètres carrés, Jean-François Julliard a franchi le périphérique avec compagne et enfants il y a quatre ans. En ce début juillet, ce n’est pas la pluie battante qui l’a dissuadé de traverser Pantin à vélo afin d’honorer notre rendez-vous. « La ville se transforme tout en conservant son âme populaire. J’aime cette dynamique… Et puis, les bords du canal, le théâtre du Fil de l’eau, la Halle Papin, le stade de foot où joue mon fils sont des endroits agréables. »

Liberté d’expression et défense de l’environnement
Discret dans la cité, Jean-François Julliard est pourtant une figure qui compte au sein du monde associatif hexagonal : il est régulièrement invité sur les plateaux télé et joue de ses entrées au sein des ministères et à l’Assemblée nationale pour convaincre au sommet de l’État.
Avant d’être propulsé à la tête du bureau français de Greenpeace, c’est en tant que secrétaire général de Reporters sans frontières qu’il se fait remarquer. « À 23 ans, je voulais absolument contourner le service militaire après mes études de journalisme. J’avais donc écrit une belle lettre au ministère de la Défense dans le but de devenir objecteur de conscience. Cela a fonctionné : j’ai été embauché à Reporters sans frontières et j’y suis resté douze ans. » Pour défendre la liberté d’expression, il n’hésite pas à conduire des actions coup de poing dans des pays totalitaires d’où il se fait d’ailleurs expulser manu militari à plusieurs reprises.

Désobéissance civile et actions en justice
C’est peut-être pour son goût de l’action que Greenpeace l’a choisi. C’est que Jef, comme on le surnomme parfois, n’a pas froid aux yeux. « En avril 2019, nous avons rassemblé 2 000 personnes à La Défense pour bloquer les sièges d’EDF, de Total, de la Société Générale et le ministère de la Transition écologique. Au-delà de l’adrénaline procurée par cette opération, Bloquons la République des pollueurs a été utile car elle a provoqué des débats. »
Pour gagner ses combats, le quadragénaire a également recours à la justice. Dernièrement, dans le cadre de L’Affaire du siècle, une action qui a vu quatre associations assigner l’État pour inaction face aux changements climatiques, le tribunal administratif a reconnu la responsabilité de la France en la matière. « C’est une victoire historique, se félicite-t-il. Nous sommes en train d’inventer le droit climatique ! »

Urgence écologique et justice sociale
Infatigable dans la défense de sa cause, Jean-François Julliard a créé, en l’espace de dix ans, des ponts avec d’autres organisations. « Longtemps, Greenpeace France a opéré seule. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. » L’ONG s’est ainsi rapprochée de plusieurs syndicats dans le cadre du mouvement Plus jamais ça. « Greenpeace forme une alliance avec des structures comme la CGT qui a une culture différente de la nôtre. Mais nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de réponse à l’urgence écologique sans réelle justice sociale. Je constate d’ailleurs que nous sommes capables de formuler des propositions communes de sortie de crise. »
Avec la campagne présidentielle qui s’annonce, il promet de rester à sa place. « Je suis un militant, pas un politique ! Greenpeace se contentera de décrypter les propositions des uns et des autres et de dénoncer les faux-semblants. »