© ville de Pantin

Citoyenneté

Bernard NEJMAN

« J’ai accompli des actes de résistance pour combattre les Nazis qui voulaient notre peau. Cela ne fait pas de moi un héros. »

Publié le

La Résistance modeste

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Bernard Nejman a rejoint la Résistance et les Forces françaises de l’intérieur (FFI). Alors que Pantin célébrera le 1er septembre le 75anniversaire de sa libération, il accepte, à 95 ans, de revenir sur cette période. 
Portrait de Guillaume Gesret, publié dans Canal n°280, juillet-août 2019.

Bernard Nejman a contribué à libérer la France

«  J'ai accompli des actes de résistance pour combattre les Nazis qui voulaient notre peau. Cela ne fait pas de moi un héros  », rapporte modestement Bernard Nejman, 95 ans, aujourd’hui résident de la maison de retraite Les Jardins de Pantin. En 1939, son père, un immigré juif polonais, s’engage dans la Légion étrangère pour défendre la patrie qui les a accueillis trois ans plus tôt, lui, sa femme et ses deux enfants. Bernard Nejman a alors 15 ans et vit « dans la misère » à Saint-Denis. Un an plus tard, après la débâcle de 40, son père est parqué dans un camp de démobilisation à Barcarès (Pyrénées-Orientales). «  J’ai décidé d’aller le chercher. Comme il fallait franchir la ligne de démarcation à Vierzon, je me suis rendu à la Kommandantur, dans le quartier de l’Opéra, où j’ai réussi à obtenir deux laissez-passer, un pour moi, un pour mon père. J’étais fier de mon audace.  » La combine fonctionne : le père et le fils rentrent à Paris par le train «  la trouille au ventre  ».

L’occupation
La vie reprend alors son cours sous l’occupation allemande. «  Mais, quand il a fallu mettre l’étoile jaune au veston, nous avons compris que c’était le début de la fin…  » Le père de Bernard écrit alors à un officier français avec qui il s’était lié d’amitié pendant la guerre. Antoine Beille, c’est son nom, invite la famille dans sa maison à Nissan-lez-Enserune dans l’Hérault. «  Cette fois-ci, nous avons eu recours à des passeurs pour nous rendre en zone libre. Nous avons pris beaucoup de risques.  » Leur hôte appartient à la Résistance et leur procure de faux papiers d’identité. «  Antoine Beille est un Juste. Il a accueilli et sauvé 13 familles juives.  »
En 1943, le jeune Bernard mène une vie presque normale, jouant au rugby avec ses nouveaux copains qui ne tardent pas à être appelés un par un au STO (service de travail obligatoire). «  Moi, j’étais circoncis. Je ne devais surtout pas passer la visite médicale. J’y ai échappé et j’ai signé un contrat de travail chez Sainrapt et Brice, une entreprise française collaborant avec les Nazis.  » 

Le temps de la Résistance
Bernard Nejman participe alors à la construction du mur de la Méditerranée à l’embouchure de l’Aude. «  C’est là que j’ai accompli des actes de sabotage. Avec des collègues engagés dans la Résistance, nous allions sur le chantier la nuit pour mettre de l’eau salée dans les citernes. Cela avait pour effet d’empêcher le ciment de prendre et de le rendre friable. C’était très éprouvant. Nous nous réveillions à 4 heures du matin pour aller remplir dans la mer des tonneaux de 20 litres.  » En 1944, il rejoint les Forces françaises de l’intérieur (FFI) qui multiplient les actions contre les Allemands. « Les maquisards m’ont donné un fusil de chasse. Par un feu nourri, nous avons bloqué la ville de Toulouse et tenté de dévier les colonnes ennemies. Je ne sais pas si j’ai tué un Allemand, peut-être…  »
À la Libération, Bernard rejoint Paris avec sa famille où il apprend le métier de tailleur. «  Je ne tire aucune gloire d’avoir aidé les Résistants. D’ailleurs, je n’ai jamais fréquenté les associations, ni couru après les médailles. Ma fierté est d’avoir ouvert une belle boutique de vêtements pour homme, d’avoir travaillé dur pour subvenir aux besoins de ma femme et de mes enfants. Je crois que j’ai été un bon citoyen.  »