Développement durable
Julien FEUILLET
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Le son qui venait du soleil
Quand la musique est propre…
Face à l’urgence écologique, Julien Feuillet a créé un sound system fonctionnant entièrement à l’énergie solaire.
Portrait de Guillaume Gesret, publié dans Canal n°282, octobre 2019.
C’est en regardant un groupe électrogène diesel posé en pleine nature, lors d’un festival, que Julien s’est demandé s’il n’existait pas un moyen de sonoriser un concert avec des énergies propres : « Les organisateurs s’efforcent bien de réduire leur impact sur l’environnement en installant des toilettes sèches ou en proposant des gobelets consignés. Je me suis donc dit qu’ils seraient prêts à aller plus loin si on leur proposait des enceintes fonctionnant à l’énergie solaire… » À l’époque, Julien Feuillet conçoit des centrales photovoltaïques pour de grands groupes de BTP. Cet ingénieur en énergies renouvelables, un peu frustré dans ce domaine, se lance alors le défi de mettre au point un modèle de sound system propre, doté d’une grande autonomie, capable d’amplifier la musique pour une foule de 1 000 personnes. Sa compagne, Maatea Stabile, trouve l’idée géniale : « Grâce à ce système de sonorisation 100 % solaire, la fête devient complètement libre. Plus besoin d’électricité et de câbles : les organisateurs ou les DJ rassemblent le public au bord d’un lac, en pleine campagne, et tout le monde se met à danser avec le soleil. »
Un réseau pantinois
Pour développer son prototype, Julien quitte son travail et s’installe dans un atelier de la Halle Papin en 2017, où il perfectionne son innovation. À Pantin, il rencontre plusieurs artisans qui l’aident à fabriquer ses machines et se met à fréquenter La Réserve des arts pour réemployer des matériaux. « Nous avons bénéficié, ici, du dynamisme et de la créativité de tout un écosystème de start-up, assure Julien. À la Halle Papin, nous avons pu tester nos premières enceintes lors des fêtes organisées par le collectif Soukmachines. » Maatea Stabile, graphiste freelance de son état, rejoint très vite l’aventure. Avec son compagnon, ils fondent la société Pikip Solar Speakers. Quelques mois plus tard, la jeune pousse bénéficie du statut Jeune entreprise innovante, délivré par le ministère de l’Économie, et s’installe au sein de l’incubateur Incoplex de la Cité Fertile. « Là encore, nous avons eu de la chance d’être intégrés à ce tiers lieu. Une formidable énergie circule dans des endroits comme la Halle Papin ou la Cité Fertile. »
Décibels solaires
Aujourd’hui, tous les voyants sont au vert pour l’entreprise qui réussit à dégager du chiffre d’affaires. Grâce à l’obtention de la bourse French Tech, Julien et Maatea ont pu embaucher un ingénieur acoustique et un business developer. Les produits Pikip ont conquis plusieurs organisateurs de festival qui se disent « bluffés » par la qualité sonore et l’autonomie des enceintes. Cet été, de gros événements, comme We Love Green et Les Vieilles Charrues, ont fait confiance à la technologie de Pikip Solar Speakers. Même s’il est encore trop tôt pour crier victoire, Julien peut déjà se féliciter d’avoir mis ses compétences de scientifique au service d’une cause qui lui tient à cœur. « Concevoir des sound systems basse consommation est une façon de contribuer à la préservation de la planète. Je suis content d’exercer une activité en cohérence avec mes valeurs. »
La prochaine étape pour Julien et Maatea, qui viennent de s’installer aux Quatre-Chemins, consiste à trouver de nouveaux locaux, leur bail au sein de l’incubateur Incoplex arrivant à échéance. « Nous aimerions bien rester à Pantin, car la dimension de cette ville et son réseau de start-up nous conviennent parfaitement », concluent-ils.